Candy n’avait jamais aimé la neige. Elle préfèrait de loin l’été, saison chaude qui lui permettait de nager comme un poisson. L’hiver ne devrait pas exister selon elle. Contrairement à certaines personnes, l’idée de sentir ses pieds caler dans la neige et faire des bonhomme de neige ne l’enchantait pas du tout. Et puis, elle était frileuse, incroyablement. Même si elle enfilait deux pulls et un gros manteau d’hiver, on pouvait la voir grelotter de tous ses membres. Alors, en cette saison de cauchemars pour la jeune fille, elle avait encore plus le goût de câlins. Surtout de la part des gens qui ont le sang chaud. Elle en avait besoin.

Ce jour là, le soleil brillait. Il ne faisait pas trop froid et peu de neige recouvrait le sol. Candy regarda à l’extérieur par l’intermédiaire de la fenêtre de sa chambre. Elle cligna des yeux plusieurs fois de suite à cause des rayons du soleil qui lui faisaient mal aux yeux. Elle roula sur son lit pour changer de côté. Après quelques minutes, elle décida de se lever. Il était bien assez tard comme ça. Comme il avait l’air de faire beau dehors, elle sortit dehors après avoir enfilé son manteau. Elle prit une bonne bouffée d’air et de la petite fumée blanche s’échappa de sa bouche. En mettant une tuque sur sa tête, elle commença à marcher en direction du jardin public de Kohime. Après avoir marché à travers celui-ci, elle remarqua une petite forêt qui ne se situait pas très loin. Malgré sa peur de la solitude, la rose décida de s’y aventurer en pensant qu’elle pourrait peut-être apercevoir des lièvres blancs. Aimant toute chose mignonne, cela était une raison suffisante.

Elle finit par se retrouver dans une clairière particulièrement lumineuse et s’approcha un peu plus. En observant autour d’elle, son regard se posa sur un vieux temple qui semblait abandonné. Elle frissonnait à l’idée qu’il se pourrait qu’il soit hanté, étant très superstitieuse de nature. Toutefois, sa curiosité prit le dessus et elle fit quelques pas vers l’avant. Quand un écureuil décida de passer à une vitesse fulgurante devant elle, elle émit un petit cri rempli de surprise. Après une telle frousse, Candy se calma en frottant ses deux mains gelées ensemble. Toutefois, son lot de sensations fortes n’était pas encore plein. Un gamin, en apparence, sortit du temple situé au centre de la clairière. Celui-ci avait un revolver en main et le pointait en direction de la demoiselle, immobilisée par la peur. Puis, elle s’agita, prise de panique.
-Un fantôooome !!
Elle commença à courir en direction du pensionnat, mais fonça malencontreusement dans un arbre, ce qui n’avait rien d’étonnant, étant donné sa maladresse sans limite. Après être tombée, elle se releva non sans pousser un gémissement de douleur et posa ses yeux sur le jeune garçon. Elle rougit en se rendant compte que c’était juste un humain, comme elle, qui n’avait rien d’un esprit. L’amnésique leva les bras en l’air, ayant peur qu’il lui tire dessus. Elle baissa le regard et dit :
-Je… je s-suis désolée.
Elle resta figée sur place, n’ajoutant pas un mot de plus. La pauvre était humiliée, c’était le cas de le dire.

Candy secoua ses jeans qui étaient maintenant recouverts de neige. Ce n’était pas qu’elle n’avait pas pensé à mettre des pantalons de neige, mais plutôt qu’elle trouvait cela bien trop inconfortable. Toutefois, maintenant qu’elle était trempée, elle regrettait de ne pas en avoir mis. Après avoir effectué cette tâche, elle commença à enlever la neige de son visage. Elle qui avait déjà froid, c’était la pire chose qu’il pouvait lui arriver.

Elle fut surprise quand le jeune garçon saisit l’une de ses mains. Celle-ci s’avérait être aussi glacial que le vent, c’est pourquoi le contact chaud de l’inconnu la réconforta un peu. La rose se releva avec son aide et avaient les joues toutes rouges à cause du malentendu qui avait eu lieu. Il s’excusa de lui avoir fait peur et lui demande si elle était blessée. Elle avait un peu mal à la tête à cause du choc avec le tronc, mais c’était supportable.
-Ça va… répondit-elle d’une voix timide.
Elle observa Elliot de haut en bas, se disant qu’elle avait été bien bête de le prendre pour un fantôme. Mais tout de même, ce vieux temple du quel il était sortit ne l’avait pas aidé. Et puis, il avait quand même pointé Candy avec son revolver. Celle-ci se remit à grelotter doucement et détourna le regard vers le QG de sa nouvelle connaissance.
-Pardon… de t’avoir pris pour un fantôme.
Elle mit sa timidité de côté et lui fit un grand sourire. Ce qui la gênait plus que tout, c'est quand elle était maladroite. Autrement, elle a toujours été une personne très sociale. C'est pourquoi elle demanda son nom.
-Tu peux me tutoyer, hein ! Je m’appelle Candy. Et toi ?
Elle tâta sa chevelure et se rendit compte que son bijou doré ne s’y trouvait plus. Elle baissa les yeux au sol à sa recherche, un peu affolée. Ne le voyant pas, l’adolescente fit une mine des plus tristes. Elle s’adressa à Elliot :
-Euh… une minute s’il te plaît.
Elle se pencha dans la neige et se mit à chercher son objet précieux avec ses mains.

Elliot. La jeune fille, malgré son inquiétude vis-à-vis de son précieux bijou, comprit immédiatement qu’il ne venait pas du Japon. Toutefois, elle ne prit pas la peine de dire qu’elle était enchantée, ni de lui serrer la main. Elle avait perdue la chose qui la reliait avec son passé oublié. C’était bien le dernier souvenir de ses 8 premières années, effacé de sa mémoire à cause de son amnésie.

Sa nouvelle connaissance semblait avoir de meilleurs yeux qu’elle, car il trouva l’accessoire doré en un rien de temps. L’expression paniquée de Candy s’effaça peu à peu, heureuse de le voir sain et sauf. Couvert de neige, mais en bon état. Elle le prit et le replaça systématiquement dans ses cheveux, un grand sourire aux lèvres. Tellement concentré sur celui-ci, elle fut étonnée quand elle sentit l’irlandais lui saisir la main. Il l’emmena à l’intérieur du vieux temple, alors que la rose se demandait s’il n’était pas réellement hanté. Mais elle mit ses vilaines pensées de côté.

Elle se posa sur un canapé et Elliot vint lui retirer sa veste pour la faire sécher sur un fil. Contente mais toujours grelottante, elle observe le lieu avec un œil curieux. Trop concentrée, l’adolescente ne remarqua même pas qu’on lui préparait du thé à l’instant. C’est quand elle aperçut deux tasses sur un plateau qu’elle se sentit réchauffer juste à l’idée d’en boire. Elle saisit son bug et l’apporta vite à sa bouche, ignorant l’avertissement de l’irlandais. Elle se brûla légèrement la langue mais ne se plaint pas, elle l’avait mérité.

Elle commença à souffler sur sa boisson pour la refroidir, tout en posant son regard sur Elliot. Candy baissa timidement le regard vers le sol et tenta de dire quelque chose qui ne sortit pas. Puis, elle prit une autre gorgée de thé. Il était beaucoup moins chaud. Elle amena une de ses mains jusqu’à son bijou et marmonna :
-M-merci pour ça… C’est très important pour moi.
Son petit cerveau se mit à fonctionner soudainement, et elle regarda en direction de l’extérieur.
-Tu dois être de Kohime, nan ?

Malgré le fait qu’Elliot ignorait ce que le bijou représentait pour elle, il lui dit qu’il comprenait pourquoi. Après tout, c’était un magnifique accessoire, fait d’or véritable. Mais ça, Candy s’en foutait pas mal. Ce qui comptait pour elle était qu’il était un lien avec son passé qu’elle avait, malheureusement, effacé de sa mémoire sans le vouloir. Même si il lui arrivait d’avoir de petits flash-back, ceux-ci ne la renseignaient pas beaucoup sur sa vie d’avant. Toutefois, ça lui faisait du bien à chaque fois de revivre une scène oubliée.

À sa question, la réponse fut positive. C’était d’une évidence même que le jeune garçon fréquentait certainement la pension Kohime. Son repère se trouvait dans une forêt juste derrière le jardin. Candy écarquilla les yeux et essaya de se remémorer si elle l’avait déjà aperçut. Peut-être quelques fois dans les couloirs, mais sans jamais y prêter attention. Et puis, il aurait été probable qu’elle le prenne pour un gamin avec son petit visage enfantin.

Il lui retourna la question, en se doutant qu’elle était elle aussi pensionnaire. Si elle avait posé la question, c’était bien à cause de ça. Elle n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche qu’un sifflement désagréable se fit entendre. La demoiselle mit ses deux mains sur ses oreilles, détestant tout bruit aigu dans le genre. Elliot s’excusa au près d’elle et déposa sa tasse sur la table. Il se dirigea ensuite vers une machine étrange qui rendait Candy curieuse de savoir de quoi il s’agissait. Mais elle se contenta d’observer. Elle le vit saisir une clé à molette et resserrer un boulon rebelle qui causait ce bruit atroce. Quand il revint s’asseoir à ses côtés, elle avait les yeux brillants d’admiration. Un vrai regard de gamine impressionnée. Elle retira ses mains de sur ses oreilles et demanda :
-Woow, mais c’est quoi ce truc ?
Elle pointa du bout de son menton la machine pour désigner que c’était de cela dont elle voulait parler. Puis, Candy redirigea son regard vers sa nouvelle connaissance, un grand sourire aux lèvres.
-Ça a l’air cool en tout cas… à part le bruit.
Elle rigola à ses mots pour démontrer que c'était du sarcasme... ou peut-être pas, au bout du compte.

Les grands yeux remplis d’admiration de la rose fit le rouge monter aux joues d’Elliot. Il sembla drôlement fier de sa machine, peut-être qu’après tout c’était la première fois qu’il recevait de la visite dans son atelier. Il reprit place à ses côtés avant de prendre une gorgée de thé et de lui adresser un sourire. Il lui expliqua que ce qu’elle observait était un aéronef qui était encore en construction. La bouche de Candy tomba presque par terre, il avait construit ça tout seul ? Bon, il faut dire que ce n’est pas tout le monde qui possède une agilité avec ses mains aussi nulle que la sienne. Elle est à peine capable de faire rentrer un clou dans une planche de bois… une fois, elle s’en est même rentré un dans la main. Croyez-le ou non, ça fait mal.

Le jeune garçon lui pria d’attendre et monta à l’étage sans dire un mot de plus. Candy étira son cou dans sa direction, curieuse. Il revint peu de temps après avoir mis un objet inidentifiable fait de bois et de corde sur son dos. Il tira sur une petite corde et des ailes de toile se déployèrent aussitôt. L’adolescente applaudit pendant quelques secondes, comme une petite gamine qui vient de voir un spectacle de magie. Elliot lui expliqua c’était avec ça qu’il avait volé pour la première fois et qu’il adorait construire ce genre de machines volantes. Un sourire se dessina sur le visage de la rose qui se leva pour aller mieux observer son œuvre. Elle se rendit en arrière de lui et regarda les ailes, sans toutefois y toucher de peur de les briser. Elle fronça les sourcils et retourna se rasseoir pour boire un peu de thé.
-Tu es doué, c’est évident… J’aimerais ça avoir une passion, moi aussi.
Elle leva les yeux vers le haut, perdue dans ses pensées. Elle ne croyait pas que manger toutes sortes de friandises pouvait être considéré comme une passion… Soudainement, son téléphone vibra dans sa poche. La chanson « Candy » commença à jouer fortement, ce qui la fit sursauter. Elle saisit son cellulaire et décrocha.
-Oui allô ?
C’était une amie à elle qui appelait. Elle l’écoutait attentivement avant de déclarer :
-Mais c’est n’importe quoi ! Tu dois sûrement de tromper…
Celle-ci répliqua et avait des arguments plutôt convaincants. Apparemment, on lui aurait envoyé un courriel sur son MSN où il y aurait la photo d’une gosse aux cheveux roses portant le même bijou que Candy. Elle était recherchée. La jeune fille mordit sa lèvre inférieure. Était-ce une piste pour découvrir son passé ?
-Je… écoute, je vais faire ma petite enquête et je te rappelle plus tard. Bye.
Elle raccrocha avant de pousser un long soupir. Elle en avait oublié la présence d’Elliot.

Elliot ne pouvait se le cacher, il se sentait tout de même très fier de voir de l'admiration dans les yeux pétillants de Candy. Autrefois, personne ne croyait en lui en dehors de son meilleur ami. Aujourd'hui, beaucoup de personnes le soutenait, l'admirait, et ne le traitait pas de fou. Et cela, il devait se l'avouer, lui faisait extrêmement plaisir. Une fois que la jeune fille eut fini d'examiner ses ailes, il retourna les ranger à l'étage. Il entendit une sonnerie de portable puis la voix de la rose. A son ton, cela devait être important. Il redescendit prudemment l'échelle et alla rejoindre la demoiselle qui semblait perdue dans ses pensées.

- Quelque chose ne va pas ?

Elle semblait vraiment aller mal. Comme si ce qu'on venait de lui annoncer la contrariait. Curieux, le petit homme volant aurait aimé en savoir plus, mais la pauvre avait l'air tellement mal qu'il n'osa pas. Il se contenta d'hausser les épaules.

- Tu sais, je ne sais pas ce qui te tracasse, mais tu devrais aller voir. On aura sûrement d'autres occasions de se parler.

Il lui sourit en douceur, comme pour lui dire qu'il ne serait pas vexer si elle partait maintenant, surtout si c'était important pour elle.

(H.S: pardon, j'ai mis du temps à répondre, et c'est tout court et tout pourri... ><)

La découverte que venait faire son amie avec plus que troublée Candy. Ce n’est pas si fréquent, une petite fille aux cheveux roses avec un bijou en forme de deux croissants de lune. Tout ça était très intéressant. Peut-être allait-elle enfin pouvoir découvrir son passé après toutes ces années. Après tout ce temps où elle n’a cessé de se demander comment elle vivait, avant ce fâcheux accident… La voix d’Elliot la fit sursauter. Il avait deviné que quelque chose n’allait pas, ce qui était chose évidente. Il haussa les épaules avant de dire que si elle voulait partir, elle le pouvait. Elle aurait voulu rester un peu plus longtemps, mais elle était curieuse et devait aller vérifier ses courriels.

Il lui sourit, et elle but une nouvelle gorgée de thé avant de se lever du canapé. Apprendre à connaitre l’adolescent ne lui aurait pas déplu, mais elle allait faire ça une autre fois, apparemment. La rose esquissa un sourire sincère avant de dire timidement :
-Bon et bien…merci, je vais y aller. J’espère qu’on va avoir l’occasion de se revoir.
Elle rougit légèrement avant de se diriger vers la sortie et de poser les deux pieds dans la neige. Elle agita la main comme en signe d’au revoir, et se mit à courir en direction de la pension. Elle avait une bonne piste pour apprendre ses souvenirs oubliés, alors valait autant ne pas la laisser filer entre ses doigts.

(Fini)