Pour la première fois depuis qu'il était arrivé ici il avait fait un cauchemar avant de se réveiller en sursaut, un tantinet paniqué. Sur ce, bien entendu il lui avait été impossible de fermer l’œil parce qu'impossible de penser à autre chose. C'était à ce moment qu'il se rappela ce que faisait sa mère lorsqu'il était enfant et qu'il avait fait un mauvais rêve. Elle lui lisait une belle histoire en le prenant dans ses bras, sa voix douce et l'étreinte maternelle aidant, il n'avait jamais pu résister et retombait dans le sommeil ensuite très rapidement. Bon, pour l'étreinte il pouvait repasser, mais au moins il pouvait faire une petite demi-heure de lecture en espérant que ça aille mieux après. Sur cette pensée positive, son visage jusque la fermé se défroissa, défronçant les sourcils et s'autorisant même un petit sourire qui avait presque l'air serein.

La pièce, sans surprise, était plongée dans le noir. N'ayant jamais fait attention au genre de détail tel que l'endroit d'un interrupteur dans cette pièce, il chercha celui-ci quelques instants, avant d'allumer la lumière. N'étant pas préparé à une telle luminosité d'un coup, il papillonna des yeux une dizaine de secondes avant que sa vue ne s'adapte. Il avait déjà vu la pièce, mais de nuit et dans le silence c'était autre chose. Elle paraissait plus grande et beaucoup plus apaisante. N'attendant pas une minute de plus, il alla directement vers un grand fauteuil qu'il savait confortable. Comme il était seul il prit ses aises, mettant ses pieds nus sur le tissus, les genoux repliés et laissa son dos épouser à la perfection la position du dossier, loin d'être droite et rigoureuse. Il en soupira presque de bonheur se calant un peu mieux en repositionnant sa chemise pyjama en coton bleu. Puis il jeta un œil à son livre, intrigué de savoir lequel il avait bien pu attraper dans le noir.

Un... shojô manga. Heureusement qu'il était seul, pensa t-il, il n'aurait pas assumé ce penchant pour ces histoires d'amour à l'eau de rose devant quelqu'un. Il jeta tout de même un regard autour de lui, histoire d'être bien sûr qu'il n'y avait personne. Un fois qu'il fut convaincu il ouvrit son livre et commença tranquillement sa lecture, forçant ses yeux d'étranger à comprendre les kanji les plus compliqués alors qu'il redécouvrait l'histoire mièvre avec plaisir...