« Note du psychologue Vladiskomir sur le sujet Camille Fukuyama.

Camille est un cas particulier. Je ne comprends pas vraiment sa façon d'être. Un nouveau complexe ? Voici les symptômes. Mademoiselle Fukuyama est très lunatique. Je n’ai repéré, pour l’instant, que deux phases principales. La première phase représente quelqu’un de très calme, de très compréhensif. Aucun signe d'énervement, d'agacement, jamais. Je l'ai poussée dans des expériences extrêmes pourtant. Son petit copain la plaque juste après avoir couché avec elle. Vole de l'objet le plus précieux pour elle. Insultes blessantes. Oui, vraiment, j’aurais tout essayé. Mais non, Camille est resté stoïque, avec le même sourire entendu & compréhensif. Je n’avais jamais vu ça. Cependant, le sujet semble entendre, comprendre la situation. Mais au lieu de faire état de ses sentiments, elle semble reléguer l’information aux oubliettes, j'ai peur qu'on arrive bientôt à la saturation des oubliettes. Et que ça explose. J'ai d'abord pensé à du j'menfoutisme classique. Mais c'est plus complexe. Elle imprime tout mais l'enfoui profond dans sa mémoire. Elle fait passer toutes ces horreurs à coups de chamallows. Ce n'est ni une manie, ni un tic. A peine une habitude. Camille mange des chamallows sans arrêt. A intervalle régulier. J'imagine un système de dépendance, mais je n'ai pas le temps d'approfondir. Le sujet semble ne pas connaitre la rancune. Donc, deux alternative. Soit c'est un ange tombé du ciel. Soit un démon qui vous fera un jour payer au centuple vos erreurs.
La phase deux est d’autant plus incompréhensible. En effet, au bout d’un moment Camille devient quelqu’un de très joueur, de très expansif au niveau sentimental. Elle se mettra alors à taquiner tout le monde, à se fâcher ou à bouder pour un rien. Elle deviendra alors rieuse, n’aura peur de rien, accostera n’importe qui pour lui raconter n’importe quoi. Bon sens de la répartie.Légère tendance au flirt à noter. J’imagine un système de soupape, pour lui permettre d’évacuer le stress, la pression ou tout autre sentiment désagréable. Ceci dit, en cinq mois de visites, en abordant les tournants les plus obscures de sa vie, je ne l’ai jamais vu verser une larme. Juste sourire tristement.
Mon diagnostique ne peut aller plus loin. Je pars quelques temps en voyage d'affaire. Mais à mon retour je compte bien la revoir & terminer ce que j'avais entreprit. »

« Note approfondie du psychologue Vladiskomir sur le sujet Camille Fukuyama.

Pour mieux comprendre mon sujet, j'ai cherché dans son passé la probable cause de son trouble de la personnalité. Si trouble il y a vraiment.
Camille est née le neuvième jour du neuvième mois, de l'année 1991. Sa mère, Sofia, espagnole de souche, était une personne très distinguée, par sa façon de s'habiller, de parler, de voir les choses. Elle a toujours beaucoup aimé l'argent & chaque vêtement qu'elle s’achetait plongeait la famille dans le rouge pendant quelques semaines. Son père, Tsukasa était un homme bon enfant, & sa chanson préférée était celle du "Petit bonhomme en mousse", que Camille fredonne fréquemment. La famille était loin d'être riche, mais pas encore pauvre. Elle frôlait la catastrophe & les besoins cosmétiques & vestimentaire de la mère de famille achevèrent de plonger le foyer dans le rouge. Il vivait au cœur de Tokyo, dans un appartement prêté par une amie de Sofia. Quant à Camille, elle était tout pour son père & rien pour sa mère. Tsukasa l'aimait beaucoup & ne cessais de le lui répéter. Sofia la considérait comme une "pompe à fric" & ne cessait de le lui répéter aussi. Le couple n'était pas heureux ensemble & de nombreuses disputes éclataient, notamment à cause de Sofia, qui voulait faire sa carrière d'actrice, mais que sa famille trainait vers le bas. Alors, de dépit, elle se mit à boire. Une dépense supplémentaire pour la petite famille. Alors le père travailla plus & voyagea beaucoup, laissant Camille & Sofia ensemble. C'est là que, à mon avis, quelque chose à changer dans le comportement de la petite fille, qui avant était très gaie, très curieuse, pour ne laisser qu'une fillette presque muette & paralysée devant n'importe quel adulte. Elle n’a jamais voulu parler de cette période avec moi, ni avec quiconque. Un rapport avec sa bisexualité ? Ou avec les menues cicatrices sur son dos ? Je ne le saurais jamais.

Camille a grandit. Et est devenue une très jolie jeune fille. On dit que les plus jolies fleurs sont celles qui ont le plus souffert. On lui a tout de suite offert une bourse pour développé son intelligence précoce, mais silencieuse. Elle est passée du collège au lycée sans problèmes. Ce n’est qu’au lycée, en terminale scientifique exactement, qu’elle connue les problèmes. Sa meilleure amie, une certaine Aline tomba enceinte & décida de garder le bébé. La jeune mère avait déjà trouvé du travail, mais il lui fallait le bac à tout prix. Ce fut donc Camille qui s’occupa du nourrisson pendant un an, le temps qu’Aline ait son examen & puisse devenir autonome. Elle décida donc de redoubler, pour absentéisme. Son lycée ne le lui accorda pas & la jeune fille, désormais majeure décida de se débrouiller par elle-même. Camille trouva un petit lycée nommé Souseikan, qui lui offrait une place. Cependant, l’établissement était loin du domicile familial & ses parents décidèrent qu’il était temps pour elle de voler de ses propres ailes. Ailes qu’elle se tatouera quelques mois plus tard dans le dos. Camille trouva alors une chambre à bas prix dans une pension nommée Kohime & continua ses études. Elle m’a confié avoir le désir de devenir psychiatre. Elle n’entretient plus aucun lien avec sa famille, depuis qu’elle a reçu une lettre de ses parents lui signalant qu’ils étaient allés rejoindre leurs cousins, en France. Elle mène alors une existence sombre & solitaire, dans une atmosphère tordue. Peut-être reflète-t-il l'état d'esprit de la jeune fille.

J'ai peur d'être tombé amoureux de Camille. De son courage & de sa finesse. De sa beauté peut-être aussi. Alors j'ai décidé d'abandonner le sujet Camille Fukuyama. J'espère simplement qu'elle prendra bien soin d'elle. Toujours. »