_11h30.
Je tournais en rond dans le magasin. Pourquoi le temps passait-il si lentement ? Je n'avais rien à faire, mais si je ne faisais rien, le patron me réprimandais. Je me contentais donc de retrier des ceintres, reclasser des vêtements par couleur.. Il n'y avait pas âme qui vive dans cette boutique. Bon, gardons le meilleur en tête, j'étais payée pour ça. Payée pour ne rien faire, payée pour conseiller les gens, payée pour.. Bavarder avec les clients ?
Fallait-il encore qu'il y ai des clients. Le mauvais temps au dehors semblait en décourager bien plus d'un, et tout le centre commercial ressemblait à une ville fantôme. C'était d'un ennui... Pas une seule fille a conseiller, pas un seul petit voyous à réprimander... Même les vigiles ne passaient plus devant la boutique. C'était.. la mort. Enfin, presque. Le seul avantage était que j'avais pu prendre plusieurs pauses pour aller fumer ma cigarette. J'en avais pris environ cinq depuis neuf heure ce matin. Et vu que ma chère collègue habituelle avait réussit à faire passer l'excuse du mauvais temps pour ne pas se pointer, il n'y avait personne pour avouer que je n'allais pas ranger des trucs dans la réserve, mais plutôt que je sortais par l'issue de secours pour ma pause.
Donc bon, j'errais seule dans la boutique, trifouillant à droite et à gauche, me trémoussant parfois sur quelques pas de danse en rythme avec la musique d'ambiance diffusée de l'ouverture à la fermeture. Je regardais pour la énième fois l'heure sur mon portable. Il me restait encore un quart d'heure à patienter avant de pouvoir prendre ma pause déjeuner. J'enrageais.
Après être passée pour la troisième fois devant le même rayon de veste, je décidais d'aller m'asseoir à la caisse. Quitte à patienter, autant patienter confortablement installée. Une fois derrière la caisse, je tournais sur ma chaise, essayais les stylos présents, rangeais les papiers qui trainaient... Jusqu'à ce que mon regard tombe sur l'heure affichée sur le moniteur de l'ordinateur. Onze heures moins cinq.
Bon... Cinq petites minutes grattées sur la matinée n'était pas un gros délit, je pouvais donc me le permettre. Je saisissait les clefs de ma moto récemment achetée, mon paquet de cigarettes, mon briquet et mon portable avant de me diriger vers la sortie de la boutique pour baisser le rideau et aller -enfin- manger.
J'atteignais le seuil du magasin quand la malédiction qui semblait s'être abattue sur moi se confirma. Quelqu'un approchait. Je jurais intérieurement.
'~Bonjour.
La Politesse, le patron en faisait un point d'honneur. Et le sourire aussi. Bon, pour le sourire c'était moyen, mais je faisais des efforts !
Et du coup, je me retrouvais à nouveau dans cette maudite boutique, attendant que Madame fasse son petit tour, et peut-être même ses achats. Ici, le client est roi...
Fuck.